Ecrire et/ou améliorer une scène de film.

 

Une (bonne) scène de film, c’est quoi ?


 
 

Imaginons. 

Le script que vous être en train de développer repose sur de bonnes fondations pourtant, l’histoire reste faible, chaotique. Pour une fois, le problème ne vient pas du concept du film. Il ne vient pas non plus des personnages. Pas même de l’histoire. 

Il se peut tout simplement que votre auteur ne parvienne pas à écrire des scènes satisfaisantes. 

Les scènes sont fades, sans émotion ;  vous avez l’impression qu’il ne se passe rien alors qu’il devrait se passer des choses. 

C’est un problème auquel il m’arrive d’être confrontée en mentoring. L’auteur a franchi toutes les étapes (brainstorming, construction de l’histoire, caractérisation) et il bute sur l’avant-dernière marche. Il se demande : par où commencer ? Qu’inclure dans la scène ? Que doivent dire mes personnages ?  Ou alors, il se lance sans savoir où aller et le résultat est plus que décevant. 

Fait étant, j’ai décidé de créer un outil pour aider les auteurs que j’accompagne en mentoring et qui butent sur l’écriture des scènes. Si cet outil n’est pas accessible en dehors du coaching, les conseils que je donne aux scénaristes, le sont et je les ai listés ici (n’hésitez donc pas à les partager avec vos auteurs). Les voici :

NB : l’article est disponible en PDF, pour le télécharger, cliquez ici.


 

1.  (Re)questionner l’utilité de la scène du film. 

Le conseil peut sembler simpliste mais avant toute chose, il conviendra de se demander si la scène que l’auteur est en train d’écrire est vraiment utile au scénario. 

Il se peut, en effet, qu’elle n’apporte rien à l’histoire (tant dramatiquement que visuellement) et c’est peut-être pour cela que le résultat est moyen. La séquence, n’ayant aucun intérêt, l’auteur n’arrive pas à l’écrire ou bute. Première chose donc, revoir l’utilité de la scène.

2. Poser le cadre de la scène.

Afin de clarifier le contexte dans lequel se déroule la séquence, il est important de mentionner le cadre spatio-temporel de celle-ci en répondant aux fameux : Où ? Qui ? Comment ?

« Evidemment », me direz-vous.

Figurez-vous que beaucoup d’auteurs oublient ces informations.

Pris dans le feu de l’écriture, ils omettent de décrire brièvement (nous sommes dans un film, non dans un roman) le lieu de la séquence. Ils oublient de renseigner l’emplacement physique des personnages. Ils oublient même de renseigner le nom des personnages présents. La scène résulte en une accumulation de dialogues sans âme et pouvant être source de confusion pour le lecteur. 

Lors de chaque scène, le scénariste doit donc répondre aux questions suivantes : 

  • Quels sont les personnages présents dans la scène ?

  • Où sont-il situés et que font-ils ?

  • Où se joue là scène ? Faut-il apporter des détails concernant le lieu en question ou le temps qu’il fait (pour l’ambiance, notamment) ?

3. Nommer l’objectif dramatique de la scène.

Nonobstant les scènes de transition, chaque scène devrait nourrir un objectif ; même si cet objectif peut sembler sans importance (par exemple, s’il s’agit d’une simple conversation n’ayant que pour but de faire évoluer implicitement le personnage). 

Pourquoi verbaliser l’objectif ? 

En articulant son objectif, l’auteur aura plus de facilité à écrire et à organiser la micro-histoire qui va se dérouler dans la scène. Ce qui nous conduit au point suivant : 

4. Réfléchir aux twists et pivots présents dans la séquence. 

Parvenir à l’objectif dont nous parlions dans le paragraphe précédent ne sera possible qu’en incorporant des pivots à la scène. En d’autres termes, l’auteur devra répondre à cette question : que doit-il se passer dans la scène pour que j’arrive au résultat voulu ? En bref, il doit se passer des trucs. 

Si ces pivots sont internes aux personnages (type changement de comportement ou remise en question), votre scénariste devra s’interroger sur le parcours/l’évolution qu’il souhaite faire emprunter à son personnage pendant la scène.

5. Derniers conseils pour améliorer considérablement les scènes.

Les conseils énoncés en points 1, 2, 3, 4 permettront à vos auteurs d’écrire des scènes qui tiennent la route. Mais si vos auteurs  sont exigeants (ce que je vous souhaite), et qu’ils ont à coeur de donner une autre dimension à leur scènes, voici un échantillon de conseils à suivre : 

A) Se mettre en situation. La première chose consiste à se mettre dans la peau des personnages par ce que l’on appelle le processus de mise en situation. 

Pour que les dialogues et les actions des héros n’aient pas l’air « artificiel », il est important que l’auteur se souvienne de leur état émotionnel à chaque début de scène. A ce moment de l’histoire, le héros est-il triste ? Heureux ? A-t-il peur ? Voilà quelques-unes des questions à se poser. 

B) Déterminer la couleur émotionnelle des scènes ou la trajectoire émotionnelle de la scène. Dans mon cas, je vais au cinéma pour vibrer émotionnellement. Fait étant, je suis donc sensible à l’émotion véhiculée dans le film et j’incite toujours les scénaristes à penser « émotion » lorsqu’ils écrivent leurs scènes. Savoir si le but émotionnel de la séquence est de faire rire ou pleurer (voir les deux), aidera vos auteurs à choisir la bonne situation, la bonne réaction ou la bonne réplique.  

C) Ne pas oublier le suspense. A ce stade, l’histoire est déjà construite, certes. Mais en jouant avec les POV, la mise en scène, les déplacements caméra, l’auteur peut encore incorporer du suspense à l’intérieur même des scènes.  Evitons les plans d’ensemble lorsque c’est possible et prenons le parti des plans rapprochés, moyens, serrés. Pensons à dévoiler un peu moins et à suggérer un peu plus (Si le suspense est un sujet qui vous intéresse, découvrez l’article qui traite de ce sujet). 

D) Ecrire de bons dialogues. Il va de soit que la réussite d’une scène passe par la rédaction de bons dialogues. Mais attention avec les dialogues ! Encore faut-il que ceux-ci sonnent « vrais », qu’ils restent fidèles à chaque personnage et qu’ils soient utiles à la scène. N’oubliez pas que le silence vaut souvent mieux que les mots !

E) Evaluer la scène. Une fois la scène écrite, demandez à votre auteur de la réévaluer et incitez-le à la réécrire jusqu’à ce qu’il en soit pleinement satisfait, jusqu’à ce qu’il en tombe amoureux. Le moindre doute (chez lui/elle comme chez vous) devrait l’inciter à se questionner et à réécrire la scène jusqu’à parfaite appréciation. 

F) S’inspirer mais pas copier. J’écris, moi aussi, et pour l’écriture de mon propre long-métrage, je me suis posée ces questions : quel film as-tu envie de faire, Estelle ? Qu’irais-tu voir au cinéma ? Quel films t’ont marqué ? J’ai donc fait la liste non exhaustive des oeuvres que j’aime le plus puis, j’ai cherché à comprendre ce que j’aimais dans ces films (de la construction des intrigues, à l’écriture des dialogues, sans oublier les personnages). Mon but ? M’en inspirer pour m’approcher de ce résultat. S’inspirer des films que l’on aime AIDE à créer une ambiance et aide à écrire, tout simplement. 

Voilà, j’espère que cet article a été utile.

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