Etude de cas : Squid Game.

 

Squid Game : s’inspirer des atouts et des faiblesses de la série pour créer de meilleures histoires.


 
 

— Par Magnolia Leroy.

Devenu en l’espace de quelques semaines sur Netflix, un succès planétaire, Squid Game ne se présente plus. Reprenant le style du survival game, le principe est simple : 456 personnes se retrouvent à jouer à des jeux d’enfant sur une île isolée. Le but : survivre en remportant la victoire. À la clef, une récompense de 45,6 milliards de wons. 

La résonnance de Squid Game dans le monde auprès de tous les territoires de Netflix, m’a poussé à la réflexion et entraîné cette étude de cas. Mon désir ? Comprendre les raisons du succès de la série et analyser ses limites pour les appliquer à nos propres, vos propres histoires.

L’analyse ne pouvant être trop poussée, elle a été scindée en trois axes ; qui sont les axes fondamentaux à la conception d’un show : l’univers et les personnages avant d’en venir aux limites. Bonne lecture !

Magnolia.


1.Les atouts de l’univers de Squid Game.

 

Comment l’univers de Squid Game a participé à son succès ? Quel rapport entre l’aire de jeu et la morale du film ? Et comment pouvez-vous vous servir des atouts de cet univers pour améliorer votre scénario de série ou de film ?  

Voilà les questions auxquelles j’ai souhaité répondre au travers de cet article où nous tenterons de comprendre les caractéristiques nécessaires à la structuration et au contenu d’un univers fictif.

Bonne lecture !

1. L’univers de la série s’adresse à tous, de l’Asie à l’Europe en passant par les Amériques du Nord ou du Sud.

Bien que l’histoire se déroule en Corée du Sud, c’est-à-dire loin de chez nous, la portée des jeux présents dans Squid Game reste universelle. Un, deux, trois, soleil, le jeu de la marelle, celui des billes ou encore le tir à la corde sont autant de jeux qui font référence à l’enfance de chacun. Soit un élément parfait pour attiser la curiosité du spectateur et le pousse à cliquer sur l’épisode suivant.

En d’autres termes : chaque fois que vous créez un projet, n’oubliez pas de penser à sa portée universelle afin que chacun s’y retrouve.

 

2. La mise en scène est au service du public cible : les 16 ans +.

En dépit du rappel systématique à l’enfance, Squid Game est avant tout un jeu de survie sanglant à destination des plus de 16 ans ; ce qui explique l’existence obligatoire et pérenne dune dichotomie entre l’enfance et la société adulte, le merveilleux et le gore. 

Une dichotomie mise en valeur par la dualité des décors et le contraste des couleurs (le décor de chaque jeu est grandiose et merveilleux, néanmoins sa taille démesurée et le concept d’enfermement rendent le tout menaçant et oppressant. Quant aux couleurs, elles se divisent en trois tonalités distinctes : le filtre terne lorsque les joueurs sont à la rue, les couleurs vives des jeux qui rappellent l’enfance ou encore le rouge du sang des perdants tués). Dans le cas ici-présent (comme dans de nombreux cas), la mise-en-scène devient l’un des miroirs transmetteurs de l’univers de l’auteur.

3. L’univers conserve de nombreuses parts de mystère.

Nombreux sont les auteurs à ne pas utiliser cet outil formidable qu’est le suspense !  C’est une erreur car le suspense, comme chacun sait, est porteur de curiosité et d’attrait. 

Tout au long de la saison une, l’univers du réalisateur Hwang Dong-hyuk reste ainsi plein de suspense. Ce mystère ne révèle rien des origines du jeu, de l’identité et de la hiérarchie des gardes. Il en va de même pour le recrutement des joueurs ou le nom du jeu à venir. Cachés.

Mieux encore : le mystère est tel que les questions autour de l’univers de la série deviennent sujets à discussion chez les fans qui brodent de multiples théories sur les réseaux. En bref : les zones d’ombre qui entourent l’univers contribuent largement à son succès. 

4. L’univers incarne la morale du réalisateur et de l’histoire.

Enfin, chose assez rare pour le noter, l’univers de Squid Game est l’incarnation visuelle et narrative de la pensée de l’auteur. Autrement dit, l’auteur se sert du monde qu’il a inventé pour véhiculer ses idées et, surtout, nous pousser à la réflexion.

Voyons comment il s’y prend pour parvenir à ses fins et diffuser son message : 


a) L’auteur s’aide des enjeux de l’histoire. 

Si les jeux de notre enfance et ceux de Squid Game ont cette similitude d’avoir un perdant et un gagnant, les enjeux, eux, diffèrent foncièrement : le créateur offre à des personnes aux moyens financiers faibles de devenir égaux et d’avoir la même chance de gagner une somme considérable. Rien à voir avec un jeu pour enfant.

En plus de prôner l’égalité en laissant chaque joueur l’accès aux mêmes repas, aux mêmes conditions de vie – sans oublier cependant un soupçon de chance – , le créateur prône la démocratie directe puisque le jeu continue ou s’arrête selon le choix de la majorité.  

On peut y voir ici l’illustration de la pensée fondatrice de l’auteur.

b) Avant d’ouvrir la réflexion au moyen du débat.

Toutefois, malgré cette idéologie marquée, l’univers dans lequel le créateur enferme les participants est loin de supporter ses idées, toutes ses idées. D’où l’existence d’un système hiérarchique parfois injuste présent dans les jeux et en dehors. Autre exemple : certains participants sont au courant des jeux avant les autres. 

Autrement dit, en employant le principe de thèse-antithèse ou opinion/contre-opinion et en confrontant les idéologies par la voie narrative, le créateur permet à ses vraies opinions de surgir. Car, rien dans le monde n’existe sans l’existence de son contraire. Votre film, votre série ne saurait exprimer une pensée unique. 

c) Sans jamais perdre de vue l’universalité de son produit.  

L'inégalité systémique du film révèle aussi la dépendance de chacun à l’argent. Les riches s’ennuient et le dépensent à foison dans un jeu pervers qu’ils peuvent regarder de loin tandis que les gardes, surtout leur chef (ancien participant de Squid Game) semblent en vouloir toujours plus. Les participants eux, ici par choix, sont les esclaves de leurs propres envies, espoirs et vices. 

Cette mini-société révèle la perversité de l’argent, perversité qui s’étend de son utilisation à sa quête. Dans un autre registre, si le but premier du créateur était de rendre compte de la pauvreté en Corée du Sud ou plus globalement en Asie, il est intéressant de constater que sa parole a eu une portée universelle. Il nous force à constater que les pays démocratiques le restent jusqu’à un certain point et que les choix de la population sont influencés par des circonstances économiques et sociales. En bref, Squid Game nous renvoie toujours à ce que nous sommes. L’identification est au cœur des préoccupations du projet.


d) Enfin, il nous piège par la technique de la “mise en abyme”. 

Mais le vrai génie du concepteur vient de la mise en abyme, par la narration, de notre propre perversité. Ainsi, il suffit de quelques instants pour que nous, spectateurs, devenions voyeurs. A tel point que les dérives éthiques ou morales de la série ne nous empêchent aucunement d’éteindre notre PC ou notre poste de télévision. Derrière nos écrans, nous regardons les riches regarder les pauvres s’entretuer pour de l’argent. Nous sommes ceux qui tirons du plaisir à regarder une représentation d’une société dans laquelle nous sommes nous-mêmes enfermés. 

Et c’est ainsi, en nous intégrant à la perversité des systèmes fondateurs de nos sociétés, en nous faisant prendre part au massacre, à la supercherie, que le créateur referme la narration sur nous, en nous ouvrant les yeux de façon brutale, ingénieuse, sur nos agissements.


2. Comment définir des personnages tridimensionnels dont la cohérence permet l’identification du spectateur en s’inspirant de Squid Game ?

Seong Gi-Hun, le protagoniste de Squid Game, est un père de famille irresponsable et immature. Il vit encore chez sa mère lorsque son addiction aux jeux le pousse à s’endetter mettant sa vie, celle de sa mère et le futur de sa fille en danger. Il accepte alors de participer au Squid Game pour retrouver une stabilité financière. Il y fera la rencontre de personnages sombres et complexes, pourvus des mêmes raisons urgentes que lui de participer au jeu. Effectivement, tous sont prêts à mourir dans l’unique espoir de remporter la victoire. 

Comment est-il possible de s’attacher à un protagoniste aux défauts si conséquents ? Comment le réalisateur a réussi à insuffler la vie à chacun de ses personnages pour que leur présence dans le jeu soit réaliste ? Que tirer de l’étude de ces personnages pour vous aider à en créer de meilleurs et s’assurer que le public s’identifiera aux vôtres ? 

1 . S’aider du contexte de l’histoire pour influencer les personnages et vice-versa.

La place de chaque personnage dans le jeu, que ce soit en y participant ou en l’orchestrant, est crédible, car elle renvoie directement à la place de chacun dans la société. 

Mais ce n’est pas tout : le rôle de chaque personnage est directement connecté à son environnement économique et social ainsi qu’à d’autres variants tel que leur ethnicité. Cet élément sociologique entre en cohérence avec leur physiologie et leur psychologie, et créé la tridimensionnalité des personnages.

Autre point important : l’environnement influence les personnages qui eux-mêmes influencent en retour leur environnement. Une théorie vérifiable tout au long de la série puisque la cohérence entre les caractères des personnages et leurs actions reste intacte. Ainsi, on remarque que les caractères sont influencés par le cours des événements, ce qui, par effet boule de neige, permet aux personnages de se développer (positivement ou pas). 

Toutefois, cet effet de vase communiquant ne serait rendu possible sans un excellent travail de caractérisation en amont.

2. Miser sur la crédibilité : les personnages restent vraisemblables même dans les plus incroyables circonstances.

Pour rappel, la caractérisation consiste en la création d’un canevas psychologique, évolutif et physique des personnages d’un film. C’est un travail qui s’effectue généralement en amont de l’écriture.

a) Les traits de caractère des personnages (qualités et défauts) restent nuancés, ce qui facilite l’identification émotionnelle du spectateur. 

Bien que plusieurs des personnages de la série représentent des archétypes bien connus dans le monde du cinéma (ex : le bandit, le policier, la folle, l’ancienne tôlarde…), le réalisateur a réussi à les doter de caractères complexes. Juxtaposés, leurs qualités et leurs défauts apportent des nuances nécessaires, leur permettent d’osciller entre bon et mauvais sans jamais atteindre une extrémité ou l’autre. Par exemple, le bandit meurtrier et misogyne connaît la peur et une ancienne prisonnière se révèle être une jeune fille traumatisée. C’est en leur créant des faiblesses de coeur, visibles au travers de leurs personnalités, que le spectateur peut s’identifier et compatir, car il est lui aussi rempli de défauts et de qualités. 

b) A chaque personnage son propre caractère, ses propres travers, sa propre composition.

Si la caractérisation des personnages de Squid Game est si réussie, c’est aussi parce que le spectateur est en capacité de différencier les personnages, de manière physique ou psychologique. Ainsi, cette caractérisation ressort de différentes manières notables : par le language (tic de langage, accent, rythme), par les mouvements (positions, déplacement, tic nerveux) ou encore par les actions (choix, réaction, rôle). C’est souvent ainsi qu’un personnage ressort comme le protagoniste, un autre comme le favoris du public ou encore un comme la victime. Chacune de leurs actions continue de les définir à travers le show et à les catégoriser. N’oubliez pas que dans n’importe quelle série - de Greys Anatomy à Dexter - la catégorisation des personnages est essentielle. 


c) L’évolution, positive ou négative, comme exhausteur d’émotions.

Toutefois, pour qu’un personnage marque les esprits, encore faut-il qu’il évolue, consciemment ou non, de manière positive ou non. Si le développement est positif, il donnera de l’espoir au public qui s’identifiera aux personnages en souhaitant leur ressembler un jour. Si l’arc narrative se révèle négatif, la douleur émotionnelle ressurgira, plus vive et plus impactante. Par exemple, Squid Game n’a pas hésité à en faire mourir la plupart de ses héros (réalisme de la règle du jeu). Le choix a beau être cruel, il n’en demeure pas moins impact. Créer un impact, voilà le but.

Créer de meilleurs personnages de séries

3. Inventer un passé aux personnages : la backstory ou la solution à des parcours plus nourris.

Backstory : l’histoire avant l’histoire.

L’attachement des spectateurs à l’égard des personnages d’une série puise aussi dans le passé et la situation du cast. Dans Squid Game, les backstories individuelles permettent d'introduire le conflit présent dans la vie des personnages, et donc l’objectif qui en découle. La backstory permet aussi de mieux comprendre une caractérisation, car un passé construit souvent une partie de comment et pourquoi une personne est telle qu’elle est présentement. 

Plusieurs méthodes ont été utilisées pour les raconter dans Squid Game tel que le flashback et la confession par le dialogue. La forme ainsi que le moment auquel elle intervient est extrêmement important pour permettre au spectateur d’avoir pitié et de s’attacher aux personnages. 

4. S’amuser avec le contre-emploi et apporter une touche d’ originalité. 

Voilà une stratégie à laquelle on ne pense pas, ou rarement, mais qui peut jouer en la faveur de l’histoire. Choisir un anti-héros en guise de protagoniste.

En vérité, j’ai eu du mal à m’attacher au protagoniste de la saison une. Il faut bien le dire : bien que sa classe économique et sociale, ainsi que la manière dont la vie le traite, poussent de nombreux spectateurs à s’identifier à lui, Seong Gi-hun n’a rien d’attrayant. Il ne cesse de faire les mauvais choix et s’enferme lui-même dans une spirale dégringolante, et ce jusqu’à la fin de la saison. Sa morale est à de nombreuses reprises douteuse. Tant de raisons de le détester et pourtant : ses mauvais choix ne le rendent que plus humain et son empathie, sa loyauté et sa droiture le sauvent de tout.En bref, Seong Gi-hun est un héros quelconque, un humain lambda mais c’est pour cela qu’on s’identifie à lui.

Questions : Vos héros sont-ils les bons ? Leur avez-vous donnez le rôle qui leur correspond ? Parfois, le héros d’une histoire n’est pas celui auquel l’on pense et une redéfinition des rôles - façon vis ma vie - peut s’avérer utile à l’histoire. Pensez-y !


5. Utiliser les personnages comme porte-drapeaux du message de l’auteur. 

J’ai déjà parlé, dans l’article précédent, du message que délivre l’auteur sur les travers du capitalisme en utilisant l’univers de Squid Game. 

Parlons maintenant de la manière dont les personnages incarnent chacun un groupe marginalisé. 

En effet, le réalisateur s’est inspiré de sa propre expérience pour représenter ces différents groupes. Seong Gi-hun représente le problème du licenciement qui a touché certaines entreprises de Corée du Sud et la facilité pour un membre de la classe moyenne de dégringoler l’échelle sociale. Kang Sae-Byeok représente la difficulté pour les personnes fuyant la Corée du Nord d’arriver et de s’intégrer en Corée du Sud. Ali Abdul représente l’exploitation des migrants qui travaillent pour ne finalement pas être payé, et l’impossibilité pour eux de s’en sortir. Tant de personnages qu’il y a de discriminations et d’inégalités en Corée du Sud. Il est cependant important de noter que la majorité des cas énoncés ont eu un écho mondial reflétant, non pas seulement le problème d’un pays, mais celui d’une société capitaliste mondiale. À travers ses personnages, le réalisateur peut donc partager sa vision des choses, permettant à de nombreux groupes minoritaires d’être représentés à travers des personnages qui ont su se faire entendre mondialement. 

Vos personnages sont-ils l’incarnation de votre point de vue ? Si non, comment peuvent-ils le devenir ?

3. Les limites de la série à succès.

Squid Game a rapidement fait sa place à l’international en étant reconnue comme la série la plus rapidement et massivement visionnée sur Netflix. Un exploit pour un show non-anglophone avec une limite d’âge. Cependant, malgré le succès de l’oeuvre, la série comporte certaines limites ; des limites pouvant concerner son univers, son intrigue et ses personnages. 

Quelles sont les limites de Squid Game ? Comment la saison 1 aurait-elle pu être améliorée selon moi ? Quels sont les conseils à retenir de ces interrogations ? 

Pour conclure cette série d’études de cas sur Squid Game, tentons d’analyser les éventuelles failles et solutions pour lesquelles la série aurait pu opter. Ces conseils pourront vous aider vous aussi lors de vos écritures.

1.Les jeux choisis pour les besoins de la série manquent parfois de vraisemblance avec l’univers.

Comme nous l’avons vu plus haut, Squid Game met en place un univers basé sur des jeux d’enfants. Ces jeux possèdent tous une certaine consistance et sont régis par une règle infaillible : tout le monde doit jouer pour gagner ou mourir.

Cependant, deux jeux vont manquer à cette constance dans l’univers de la série. Le premier est le jeu des billes, qui autorise la duperie et le sacrifice à la place d’un jeu équitable. Le second est le jeu final, qui met la vie de chaque vainqueur en danger alors qu’ils ont réussi. Ce contournement des règles prédéterminées dans l’univers peut entraîner une certaine confusion chez le spectateur et génère un manque de crédibilité. Surtout lorsque ces manquements ont des conséquences sur l’intrigue.

Conseil numéro un : veillez à ce que les règles qui régissent votre univers restent en tout temps vraisemblables.

2. La tension dramatique se relâche dans certaines parties de l’intrigue 

L’intrigue, qu’elle soit principale ou secondaire, doit toujours posséder un élément dramaturgique incontournable : le conflit. Car c’est la notion de conflit qui permet aux spectateurs de rester attentifs du début à la fin du film.

Mais pour garder cette tension dramatique quelques principes sont à respecter, les voici :  

a) Les intrigues secondaires devraient toujours alimenter l’intrigue principale.

Squid Game possède plusieurs intrigues secondaires qui viennent alimenter et influencer le cours des jeux et de l’avenir du protagoniste. Elles servent toujours l’intrigue principale, l’enrichissent et ajoutent du conflit.

L’une des intrigues secondaires la plus importante ne respecte cependant pas ce principe. En effet, une enquête est menée par un policier infiltré dans la grande entreprise Squid Game. Mais voilà : cette enquête n’apporte aucun élément dramatique à l’intrigue principale. Jamais rien de ce que le policier fait n’influe sur Seong Gi‑hun et sa participation aux jeux. Par conséquent, il est facile de s’en désintéresser ou d’être frustré par le manque de conséquences sur l’intrigue principale.

Conseil numéro 2 : chaque élément mécanique de votre script doit être utile à la trame et apporter une valeur ajoutée. 

b) Les éléments prévisibles devraient être évités car ils amoindrissent l’implication du spectateur et pèsent sur la crédibilité du film.

Une règle est maintenant bien connue parmi les spectateurs : si un personnage meurt sans que l’on voit son corps, c’est qu’il n’est probablement pas réellement mort. C’est ainsi que par deux fois Squid Game a rendu l’un de ses éléments dramatiques prévisible. La série s’inscrit dans un univers violent et meurtrier et aucune scène de mort n’est censurée. Il était donc simple pour plusieurs spectateurs de deviner que la mort de l’un des personnages, si elle se faisait hors caméra, n’était qu’une mise en scène.

Le rebondissement lorsque le personnage revient ne fonctionne alors plus et le spectateur peut se lasser facilement si trop d’éléments prévisibles s’enchaînent.

Conseil numéro 3 : les éléments narratifs prévisibles sont à éviter pour ne pas décevoir le spectateur et continuer à lui faire ressentir des émotions fortes.  

3. Les personnages : trop figés ou incohérents présentent des faiblesses.

a) Trop de caricature tue la caricature.

Nous avons déjà discuté des trais caricaturaux que certains personnages de Squid Game pouvaient présenter. Par exemple, celui du bandit, de la folle ou encore du policier.

Si la plupart de ces caricatures sont excusées dans Squid Game grâce au travail approfondi de caractérisation, certains éléments dans leur développement demeurent des stéréotypes. Et les personnages qui en souffrent le plus sont les femmes.

Dommage ! car l’effet appuyé de caricature joue sur l’effet de surprise du spectateur et peut aller jusqu’à provoquer un détachement émotionnel.

b) Le rôle des femmes dans la série reste dénigrant.

Il est intéressant de mentionner que le réalisateur de la série avait pour objectif de dénoncer une société coréenne patriarcale dans laquelle les femmes sont rabaissées.

Le résultat est réussi, les femmes sont effectivement considérées comme étant moins fortes (physiquement et mentalement) par tous les personnages, mais peut-être un peu trop.

En effet, je m’attendais après cette dénonciation de la société, à voir une évolution dans la manière dont les femmes sont représentées. Cependant, elles restent sexualisées et caricaturées comme des personnages faibles et trop émotionnels. Aucune d’elles n’est reconnue pour ses capacités, ce qui est dommage à l’époque où la parole des femmes se libère. Le protagoniste ne se donne même pas la peine d’exaucer le dernier souhait de l’une d’entre elles. 

c) Les ultimes actions du protagoniste sont à questionner.

Le personnage principal de la série possède un arc dramatique positif avec un développement majeur et une utilisation de ses qualités qui lui assure la victoire des jeux. Sauf que : ce développement retombe à la fin de la saison et il ne semble pas avoir appris totalement de ses erreurs. Même si le protagoniste est maintenant prêt à se battre contre un système capitaliste, il ne respecte pas la promesse faite lors de la mort de Kang Sae-byeok.

En outre, il ne rejoint pas sa fille, bien qu’il ait fait ce jeu pour pouvoir rester à ses côtés et devenir un meilleur père. Il y a donc quelques déceptions à la fin de cette série, qui semble néanmoins avoir laissé une fin ouverte dans le but de faire une saison 2. 


Conseil numéro 3 : veillez à ce que vos personnages restent cohérents et apprenez à mesurer la caricature.


Conclusion : Voici donc ce qui constitue, de mon point de vue, les problèmes majeurs de la série Squid Game

Pour résumer, Squid Game aurait gagné en force si elle avait su conserver toute sa vraisemblance, si elle ne sacrifiait pas autant aux clichés, si les intrigues secondaires remplissaient vraiment leur rôle et si la tension restait intacte ! Vous voyez, même les plus grandes séries révèlent des failles. La vigilance est donc toujours de mise. Ne reste plus qu’à attendre la saison 2 pour voir si la qualité narrative reste au même niveau ou s’affaisse ; ce qui reste souvent le cas !



Voilà pour cet article. S’il vous a aidé, n’hésitez pas à le partager autour de vous.

Lors du prochain post, nous poursuivrons l’étude de cas sur Squid Game, en abordant cette fois les limites de la série.




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Source photo : IMDB

 

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